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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 00:36

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Attention, livre de chevet de Barack Obama! (c'est pas de la nioniotte)

Je suis bon lecteur et rarement j'ai ressenti le blues du livre fini à ce point.

 

Durant la guerre civile espagnole ( juillet 1936 à avril 1939), Robert Jordan, Américain hispanophile (comme Hemingway), est largué sur le terrain pour mener à bien une mission de résistance : détruire un pont. Accueilli par une bande de guérilleros du cru, il va être confronté à leur caractère et leur façon de penser le monde : Pablo, chef du groupe, couard jusqu'à un certain point, rusé jusqu'à l'infâme, figure altérée par le passé, l'alcool et l'intérêt ; Pilar, la femme de Pablo, véritable Gitane, directe comme un uppercut et figure de proue de l'intrigue ; Maria, jeune femme martyrisée en quête d'amour et de salut...

 

Dans ces conditions particulières, façonnées par les limites du temps qui passe : l'approche de l'échéance, Roberto (comme l'appellent les Espagnols), homme intègre et décidé, va éprouver la vie telle qu'on peut la concevoir dans ce genre de moment. Entre l'âpreté du contexte historique, et ce qui l'accompagne : la violence de la guerre, et la difficulté des relations humaines quand on est étranger (et même s'il on partage la même cause), va se tisser une intrigue humaine et psychologique, éprouvante et fascinante.

 

Même si le roman ne possède pas les traits fantômatiques de l'écriture de Un Balcon en forêt de Julien Gracq, on retrouve chez Hemingway cette même précipitation de la vie devant l'échéance dans un contexte de guerre. Les propos sont pesés, les mots choisis. La part belle est laissée à la pensée, à tous ces moments d'attente et de discussion qui rythment les batailles, grandes explosions soudaines et brèves qui ne font que couper le silence. Chez Hemingway (autre distinction d'avec Gracq), le silence est peu présent. C'est le dialogue qui comble les brèches, formidable jeu de psychologie (sur le plan narratif), d'influence (sur le plan de l'intrigue). Et puis ces deux mondes qui s'affrontent, Espagne pieuse et gitane, Amérique pensante et maître d'oeuvre. Et puis l'amour aussi, car au fil de ces nombreuses pages, s'établit un amour qui défie toute proportion : aimer en temps de guerre!

 

Un livre puissant donc, déconcertant au premier abord par le rythme de son avancée : quand je dis dialogue, c'est dialogue. Puis on progresse, et plus ce monde nous paraît familier, plus nous l'aimons et nous détestons qu'il soit ainsi cerné par ce contexte terrible. L'issue est à l'image du roman et la force d'Hemingway est également de nous faire sentir la fin du livre avant même qu'elle arrive, sans que nous soyons déçus ou que nous soyons préparés. Ce livre est un grand moment de littérature.

 

Le paradoxe de la guerre en littérature est ici vérifié. Dans un contexte affreux, où la violence et la cruauté sont omniprésentes, les sentiments d'amour et d'humanité sont exacerbés jusqu'à leur plus haut point.

 

Difficulté de lecture : 6,5/10, le tout étant de rentrer convenablement dans le récit en appréhendant comme il faut les dialogues.

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