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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 23:25

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C'est une histoire de réal-viscéralistes...

 

Mais qu'est-ce que le réal-viscéralisme ?

 

Mexico, en l'année 1975, un jeune narrateur, Juan Garcia Madero, nous confie ses aspirations poétiques. Il fera bientôt parti de la bande des réal-viscéralistes, un groupe qui prône une poésie engagée, menée par deux figures de proue, Ulises Lima et Arturo Belano. Autour du jour de l'an 1976, se noue alors une intrigue fugace sur cette jeunesse, leur façon de concevoir la poésie, la vie, leurs relations, leur univers. 

 

Cette intrigue, occupant un quart du livre, sera cependant coupée en deux. Pendant les pages intermédiaires, il sera rendu compte d'une espèce d'enquête, étalée sur 20 ans, visant à approfondir les personnages et en particulier les leaders. Il y sera question de tout, sans aucun ambage. 

 

La fin du livre rprend avec la suite de l'intrigue, la fuite effrenée de notre narrateur, accompagné de Lima, Belano, et la putain Lupe, en quête de l'ultime secret : Ceserea Tinajero, considérée comme la mère du réal-viscéralisme. Dans un désert chaud, se jouera le dernier acte de cette aventure

 

Voici le spoiler et en réalité je n'ai fait qu'édulcorer la quatrième de couverture.

Car ce livre mérite d'être montré. 

 

A travers cette structure bigarrée (intrigue - enquête - intrigue), Bolano livre un objet sans précédent pour qui ne s'est jamais livré à la littérature sud-américaine. Car pour les autres, on comprendra que Bolano est le digne hériter de Garcia Marquez ou de Borgès, avec une imagerie dont a dû s'inspirer Almodovar. Il y a donc du sang dans ce roman , pas du sang qui coule, mais du sang qui brûle dans les veines, de l'humeur. Il y a la vie simple et rude, crue parfois. Il y a l'alcool, le sexe. Tout, même des choses qui ne sont pas toujours prononcées. 

L'étreinte qui saisit à la lecture de ce roman est un mélange de fascination et de dégôut, et c'est ainsi que sont les principaux protagonistes.

 

Au final nous en ressortons grandis. Car ce livre n'est pas courant. Pour qui aime la littérature il est aussi un moyen de mettre en balance la notion de roman, ce qui le rendrait peut-être un peu opaque à des lecteurs qui préférent lire pour le divertissement. Toutefois il est également divertissant, aiguisant la curiosité, prenant, ce qui peut-être pourrait le rendre fatigant pour des yeux en quête de littérature. Au final c'est un livre lourd, captivant mais épuisant qui jamais ne vous repaîtra de votre désir de le comprendre.

 

Difficulyé de lecture : 8,5/10

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 01:02

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Tombe la neige...

Ainsi commence une chanson française et ainsi pourrait-on, simplement, résumer le livre d'Oran Pahmuk.

Mais tout n'est jamais si simple et si le bruit des flocons qui tombent est un bruit qui ressemblerait au silence, ici il ne faut pas se tromper, la neige, c'est aussi le bruit des mots, l'organisation poétique d'un recueil, le poids des coutumes et des traditions qui peuplent la ville de Kars, où l'intrigue se passe, en Turquie. 

 

Le poète Ka, suite à son exil en Allemagne est de retour dans son pays natal, la Turquie. Son passage à Istanbul est rapidement évoqué (un deuil) mais c'est sa volonté de se rendre à Kars, ville où il doit trouver quelque chose ou quelqu'un, qui va décider la destinée de ce héros et la trame du roman.

Alors que le bus se dirige vers cette cité oubliée de l'ancien empire ottoman, la neige commence alors à tomber. Les paysages se recouvrent de cette poudre céleste et le temps s'arrête. A peine un pied sur un trottoir de la ville que nous savons que le poète y restera bloqué. Toute une vie, non, car la neige fond. Mais suffisamment longtemps pour que tout puisse se passer et que sa présence, dans une ville où tous se connaissent, lui confère une place particulière et remplie de sens.

 

Il faut savoir que ce voyage est en réalité orienté par un désir secret. Le poète part à la recherche d'Ipek, un ancien amour de jeunesse, du temps où il a vécu à Istanbul. Il la retrouvera et peut-être s'aimeront-ils. Mais il rencontrera aussi d'autres personnes : Kadife, la soeur d'Ipek, Lazuli, musulman intégriste, le père des deux jeunes filles, porteur d'un discours fatigué comme son homme. Et puis le grand acteur Sunaï qui fut autrefois pressenti pour incarner Atäturk. La liste est longue et ce ressort, la succession de rencontres de personnages fort différents, sert également à la narration, lui donnant une diversité exceptionnelle propice à imager le propos du livre de manière complète.

 

Et le réel propos de ce livre, quel est-il? Il se trouve au sein de l'amour pour Ipek, au sein des choix de Kadife de porter un voile, au coeur des orientations religieuses et politiques de chacun des personnages, et en réalité, au coeur même de ce qu'on pourrait qualifier d'une "identité turque", balancée entre le poids culturel, ce qui vient des racines (et même des racines proches : Atäturk) et l'ouverture vers l'Occident. Et ce qui est beau dans tout cela c'est qu'aucun parti pris n'est énoncé et que sous le couvert de la neige, chaque mot est prononcé avec puissance et parfois violence par les personnages, toujours avec raison de la part du romancier. Au final, et bien sûr que Pamuk a des idées, nous pouvons tout de même sentir vers quel parti s'oriente ses désirs, mais ceux-ci ne sont jamais virulents. Ils sont comme tamisés. Par la neige, qui tombe et tombe encore.

 

Il faudra finalement ajouter que si la neige vient tamiser, c'est aussi la verve de l'auteur qui aide à dire les choses. Pamuk choisit un personnage poète et quelle poésie nous est livrée dans chacun des mots de ce livre! Certains passages sont parfois un peu longs à lire (quelques longueurs, mais si peu) mais la plupart du temps, on ne peut que se délecter d'une telle aumône. Des mots comme ceux-ci devraient être offerts à nos yeux plus que de rigueur. On ne peut se lasser du rythme coulant des phrases, des dialogues qui nous font sentir les silences (on entendrait presque tomber la neige, dehors), et de la poésie qui est au centre des intentions de Ka et du roman, une poésie qui vient comme la neige vient dans la nuit et puis que le matin est blanc.

 

Au final, il faudrait presque s'imaginer un paysage que l'on aime et puis le recouvrir de blanc. Alors comme à l'habitude, comme lorsque nous sommes devant ce paysage, laisser venir nos pensées. L'esprit se laisse aller, nous pouvons songer à notre vie, à l'amour, à la politique... Mais aujourd'hui c'est différent. Notre paysage chéri est recouvert de neige. Nos pensées sont, elles, toujours les mêmes. Mais aujourd'hui le paysage est blanc...

Neige, c'est cela mais nous sommes en Turquie et nos yeux sont ceux d'un poète esseulé.

 

Orhan Pamuk signe un grand oeuvre et par moment, il y a un peu comme de La condition humaine (dans l'engagement et la distanciation proposée entre idées et exotisme). La poésie est omniprésente et magique. Le schéma narratif est total. Un travail admirable.

 

Difficulté de lecture : 6,5/10

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 06:27

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On dit souvent que c'est au XIXè siècle que furent écrits les seuls vrais romans. Cette affirmation qui, à vrai dire, n'engage à rien, semble se vérifier  à la lecture de ce grand oeuvre de la littérature française.

 

Le jeune Georges Duroy traîne la savate au milieu d'un Paris où il est venu s'établir afin de faire fortune. Il a le port altier et fier, hérité de ses années militaires passées au Maghreb. Si l'on compte la beauté naturelle qu'on lui accorde (Ah la petite moustache qui frisotte!), nous avons ici fait l'inventaire de tout ce dont il peut tirer profit. Et justement...

 

Justement, il est question de profit, d'avancement et d'arrivisme. Ce dernier mot étant celui qui qualifiera le mieux notre personnage. Au hasard d'une rencontre, Duroy va mettre le pied dans l'engrenage de la réussite et à partir de ce moment, son histoire ne sera plus qu'une large progression vers les hauteurs de la société. Grâce aux femmes, grâce à sa ruse, son itinéraire se trace sans compromis et sans vergogne, et tout semble lui réussir.  Une seule question nous taraude : "Mais jusqu'où ira-t-il ?" Réponse : "Loin, très loin..."

 

Que dire de plus ? Les rouages de l'intrigue coulent de source et à aucun moment nous ne somme abusés par une rouerie du personnage plus grosse que les autres. C'est en cela aussi que Maupassant livre un grand roman. Tout est présenté de manière à ce que nous suivions, sans efforts, l'ascension du héros. Rien n'est laissé au hasard, tout est maîtrisé. Lorsque nous parlions grand et vrai roman, c'est à cela qu'il fallait penser. A ces histoires qu'on ne sait désormais pus écrire (ou si peu), dans lesquelles nous sommes totalement guidés. Et cela est si... confortable. Empiler 400 pages sans s'ennuyer, sans s'en faire, riant quelques fois, s'étonnant, détestant ou applaudissant le héros. Que demander de plus ?

 

Il ne faut cependant pas croire que ce roman est léger. Il n'est pas non plus lourd de sens ou de signification. Il est juste bien, comme il faut, avec ce qu'il faut d'ingrédients. Juste, équilibré...

 

A ce moment de l'article, je me rends compte de la difficulté que j'ai à parler de ce livre pourtant simple.

Tant pis, j'arrête là. Parce qu'au final, je pense en avoir dit assez.

Et finalement, cette difficulté que j'ai eue à rédiger ma note, n'est-elle pas le signe qu'il pourrait être intéressant de s'arrêter quelques heures sur Bel-Ami ?

D'autant plus que, si vous manquez d'imagination, peut-être tout cela pourra-t-il vous servir dans votre progression personnelle. A voir...

 

Un grand livre donc, accessible et plaisant, qui vous présentera l'art de raconter des histoires, avec cette finition ciselée que présente tous les grand contes pour enfants.

 

Difficulté de lecture : 4,5/10

 

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 20:22

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Françoise Sagan a 18 ans en 1954, année lors de laquelle sort ce roman. Bonjour tristesse, s'il n'est peut-être plus beaucoup lu à notre époque, reste malgré tout un titre évocateur, un son qui ne laisse pas indifférent et qu'on associe volontiers à cette femme aux cheveux blonds et à l'allure directe.

 

S'il faut commencer par quelque chose, il faut commencer par cet âge, justement... 18ans et que faisions-nous à 18 ans, si ce n'est bafouiller nos amours confus sur le banc d'un lycée que nous allions peut-être bientôt quitter ? Il y a chez la jeune fille qui écrit une référence à ce moment de la vie, aux leçons qu'il faut apprendre et aux remises à niveau qu'il faut parfois préparer pendant les vacances. Cécile, l'héroïne du roman, est pile poil dans le créneau : 17ans et des vacances en bord de mer où elle pourrait réviser.

 

Mais la réalité est toute ailleurs. Certes le monde scolaire est évoqué mais lors de vacances, n'est-il pas coutume de passer outre ? Alors le romanesque viendra se fixer ailleurs et en particulier sur les sentiments. A 17 ans, en vacances, n'est-il pas légitime de vouloir connaître ce qui fait le second attrait du lycée :  l'amour ? D'autant plus que Cécile vit seule avec son père et que celui-ci, s'il est vieillisant, reste tout de même ce genre d'homme qui passe de femme en femme, d'aventures prolongées en nuits uniques, grand enfant qui ne cherche pas forcément à s'établir, et si bien avec sa fille.

 

Ajoutons ici que l'atmosphère du récit ainsi que la formation précoce de Sagan pour l'écriture viennent certainement du point suivant : le cadre est très bourgeois, et s'il est coutume, dans ce milieu, de maîtriser ses classiques à 17 ans, il est aussi normal de suivre son père dans les mondanités. Ne généralisons pas bien sûr, ceci n'est que le cas de Cécile alors nous voici donc en présence d'une jeune fille, et ce récit est hautement autobiographique, qui outre le fait qu'elle sorte est qu'elle soit habituée aux rituels sentimentaux des adultes, sait également lire et puis écrire. Cécile, le reflet de Sagan.

 

Bref! revenons à nos 18 ans et à ce vécu qui vient d'être expliqué. Il semblerait que cela donne peut-être pas un génie mais au moins un esprit extrêmement sensible capable de savoir comment exprimer les sentiments, chose rare à cet âge. Et justement, c'est tout ce qui fait l'attrait de Bonjour trsitesse. Est-il possible aujourd'hui de trouver ce genre de spécimen ? Je n'ai jamais lu Lolita Pille mais je suis prêt à parier que son écriture est loin d'avoir la finesse de celle de Sagan, ni même le raffinement qui entoure la jeunesse de Cécile. Je ne cherche pas à critiquer, je continue de présenter l'exception Sagan.

 

A 18 ans donc, fine écrivaine et aguerrie du sentiment au point d'avoir une idée sur la façon de le conter...

 

Au sujet du premier point, lisez donc cette première phrase et savourez : « Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse ». Le reste est du même acabit même si le coup d'éclat de l'incipit tend parfois à pâlir lors de certains passagesbeaucoup moins maîtrisés mais qu'importe si la globalité est plutôt excellente...

 

Pour le second point, il me faudrait vous en raconter l'histoire mais bien sûr, ce serait stupide. Disons juste que Cécile au bord de la mer découvre l'amour, et ce dans toutes ses acceptions. Ensuite et parallèlement à cette initiation viennent s'entrecroiser les amours de son père et les intrigues qui en découlent. D'une belle-mère plus vieille qu'elle de 10 ans et ingénue et une autre qui peut bien faire l'affaire, et en plus si raffinée, va se tramer une intrigue qui se terminera comme elle le doit. Cécile découvre donc, et physiquement, le soleil vient tanner les peaux. D'un point de vue moral ou plutôt émotionnel, il ne lui reste qu'à faire de même : découvrir. Jusqu'où l'âme est-elle capable d'aimer ? Jusqu'à quelle manigance, où s'arrête l'innocence ? Les vérités ne sont que celles d'une jeune fille élevée comme on l'a dit. Mais le fond c'est l'amour et l'amour est universel. Alors au final, qu'en penserez-vous ?

 

Un livre fulgurant de précocité même si parfois précocité peut rimer avec manque de maîtrise. L'intrigue est rondement menée et plaira largement aux filles, peut-être un peu moins aux garçons. Un très beau livre en tout cas qui a au moins le mérite d'être sincère, franc.

 

Difficulté de lecture : 5,5/10


 


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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 14:13

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Le 5 juin 1979, Charles Bukowski écrit : "J'étais jeune, affamé, ivrogne, essayant d'être un écrivain. J'ai passé le plus clair de mon temps à lire Downtown à la Bibliothèque municipale de Los Angeles et rien de ce que je lisais n'avait de rapport avec moi ou avec les rues ou les gens autour de moi. [...] J'ai continué de marcher autour de la grande salle, tirant les livres des étagères, lisant quelques lignes, quelques pages et les reposant. Un jour j'ai sorti un livre , je l'ai ouvert et c'était ça. [...] Je sortis le livre et l'emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit  et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu'il y avait là un homme qui avait changé l'écriture." (extrait de la préface à Demande à la Poussière, éditions 10/18)

 

"essayant d'être écrivain... rien n'avait de rapport avec moi..." Et en effet, la situation de Bukowski, à l'aube de sa carrière littéraire, a tout à voir avec celle d'Arturo Bandino, fils d'immigrés italiens, héros de ce livre de Fante et alter ego de l'écrivain. Arturo, tout jeune homme fraîchement débarqué à Los Angeles pour y essayer d'être écrivain, est soumis aux affres de la condition du métier : insuccès, angoisse de la page blanche, manque d'inspiration... Sa seule réussite, approuvée jusque là par le mystérieux J.C. Hackmuth, mentor aux apparences divines, est une petite nouvelle "Le petit chien qui riait" au titre aussi improbable qu'une postérité possible.

 

Alors le jeune homme vit sur ses économies, doute du bon sens de sa volonté (surtout vis-à-vis de sa famille et de Dieu ; son "caractère" italien) et se fait tirer quelques cents par Hellfrick, son voisin alcoolique...Au fil de ses déambulations nocturnes, il  finira par croiser Camilla Lopez, jeune femme mexicaine, ni belle ni laide, chaussée d'huaraches... Y aura-t-il une histoire d'amour entre eux ? Vous ne le saurez qu'en lisant le livre, car l'amour, à l'âge d'Arturo, est quelque chose de difficile voire d'incompréhensible. Entre les corps qu'on désire et la complexité du sentiment lui-même, il est des écarts immenses qu'on n'est incapable de combler quand on n'a pas encore découvert le ressort.

 

L'histoire d'Arturo est liée à cela : à la difficulté de croire en soi quand on est jeune et qu'on possède encore des idéaux qu'on peut croire farfelus. L'écriture, la réussite, l'amour, une espèce de conquête sombre et accrochée balayée par le sable des déserts vosins qui, même si on ne les sent pas toujours dans le livre, ont un rôle bien plus important qu'on ne le pense, symbole qu'ils sont de la sécheresse, de la solitude, de la difficulté à trouver une réponse dans les décors qui constituent notre vie et auxquels nous nous référons.

 

Maladresse, auto-dérision (car Arturo, si pataud, possède tout de même une capacité à prendre du recul sur lui-même) et tendresse, trois mots que je n'avais pas encore utilisés et qui caractèrisent également ce roman de Fante. Tout comme d'autres mots auraient pu le faire, car ces lignes, dans leur simplicité, couvrent tout un monde que nous connaissons, que nous avons eu l'occasion de sentir à l'âge d'Arturo et Dieu sait si ce moment de la vie est propice à la découverte d'une foule de sentiments... En lisant ce livre, on pense également à L'attrape-coeurs de J.D. Salinger, dans son traitement de l'adolescence et de l'inconnu qui devance cette étape. Mais Fante m'apparaît plus fort, plus sensible, plus attaché aux riens, ces petits riens qui peuvent être tout, comme une paire de huaraches ou quelques cents prêtés au vosin ivrogne.

 

Un indispensable de la littérature américaine dans cette incroyable capacité qu'elle a à soulever les chose sans même en avoir l'air.

 

Difficulté de lecture : 4/10

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 13:49

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Ce livre m'a redonné l'envie de lire aux cabinets.

Non pas qu'il soit à ch... (pour parler vulgairement), bien au contraire, mais plutôt parce qu'une fois le nez dedans, on a du mal à s'en passer, ne serait-ce que cinq minutes.

 

Dans les années 70's, finissantes, San francisco digère l'héritage hippie et son idéologie colorée faite d'herbe agréable, d'excentricité latente et de folie douce. Dans ce panorama, fraîchement arrivée de Cleveland, Mary Ann Singleton, jeune femme de vingt-cinq ans débarque et découvre l'originalité de sa nouvelle patrie. Dans cette ville où tous les hommes sont homos (semblerait-il), l'excitation des premiers jours va finir par passer, le soufflet va vite retomber. En quête d'amour et de stabilité, Mary Ann pleure à chaudes larmes et puis la ville et le dynamisme de ses habitants vont de nouveau faire pencher la balance.

 

Voilà l'intrigue installée : Mary Ann à San Francisco!

 

Ses habitants disions-nous, et plus particulièrement ceux du 28 Barbary Lane : Mona, Michael, Brian... jeunes femmes et hommes de toutes origines et de tous bords, guidés par la logeuse de ce petit immeuble sympathique : Anna Madrigal. Au fil des contacts se forment des relations entre tout ce petit monde et nous suivons alors l'évolution dans le temps de ce qui ressemble fort à une bonne bande d'amis. Du travail de Mary Ann, où règnent Edgar Halcyon et son beau-fils Beauchamp (dire "Bit-cheum"), aux déboires sentimentaux de Brian toujours en quête d'amour désespéré, le schéma narratif s'installe paisiblement...

 

Il faut dire que Maupin manie l'art de l'humour avec facilité. Ses dialogues naturels et mine de rien largement référencés (cinéma, musique populaire, personnages réels évoqués...) provoquent généralement le rire et la bonne humeur. Tout, l'ambiance de San Francisco qu'on aurait envie d'aller voir tout de suite, les particularités des personnages, les histoires que Maupin créent, tout contribue à créer un univers léger, divertissant, qui permet largement d'échapper aux angoisses quotidiennes de notre vie speedée.

 

Finalement, ajoutez à cela un soupçon de bonne intrigue et la boucle est bouclée. Maupin s'applique, en alternant les personnages, à développer leur histoire par petites séquences. Si bien qu'on ne se sent jamais assommé par trop d'un coup. Au fil des pages, certaines de ces séquences finissent par s'entrecroiser, de même que les personnages et souvent, même si les ficelles sont grosses (le hasard arrange souvent bien les choses à san Francisco), on se laisse surprendre par la naïveté des aventures et la facilité des propos.

 

Que dire de plus sinon que ce livre est des plus divertissants. Il ne m'aura fallu qu'une petite semaine pour avaler trois tomes de la saga. Car oui il faut le préciser, Armistead Maupin a fait ça en plusieurs fois. Les deux volumes suivants (Nouvelles Chroniques de San Francisco - 1980 et Autres Chroniques de San Francisco - 1982) sont tout aussi sympathiques et du même acabit. Nous suivons l'évolution des personnages et même si les ficelles sont toujours aussi prévisibles, décidément on ne s'en lasse pas.

 

L'été approchant, ces bouquins feront de parfaits petits livres de plage, pour vous Mesdames (conseillé en 4ème de couverture par Biba) et pour vous Messieurs (pour vous relaxer après votre lecture de Proust ou de Musil). Du roman de gare élevé à son plus haut degré d'humour et d'intrigue.

 

NB : pour les plus persévérants, acrrochez-vous au wagon. Maupin a continué les aventures de ses personnages après les trois tomes ci-dessus évqoués. Aux dernières nouvelles un 8ème ou 9 ème tome a vu le jour récemment. To be continued...

 

Difficulté de lecture : 3/10. Du plaisir, du plaisir et encore du plaisir. Lecture agréable, facile et pas prise de tête.

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 00:36

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Attention, livre de chevet de Barack Obama! (c'est pas de la nioniotte)

Je suis bon lecteur et rarement j'ai ressenti le blues du livre fini à ce point.

 

Durant la guerre civile espagnole ( juillet 1936 à avril 1939), Robert Jordan, Américain hispanophile (comme Hemingway), est largué sur le terrain pour mener à bien une mission de résistance : détruire un pont. Accueilli par une bande de guérilleros du cru, il va être confronté à leur caractère et leur façon de penser le monde : Pablo, chef du groupe, couard jusqu'à un certain point, rusé jusqu'à l'infâme, figure altérée par le passé, l'alcool et l'intérêt ; Pilar, la femme de Pablo, véritable Gitane, directe comme un uppercut et figure de proue de l'intrigue ; Maria, jeune femme martyrisée en quête d'amour et de salut...

 

Dans ces conditions particulières, façonnées par les limites du temps qui passe : l'approche de l'échéance, Roberto (comme l'appellent les Espagnols), homme intègre et décidé, va éprouver la vie telle qu'on peut la concevoir dans ce genre de moment. Entre l'âpreté du contexte historique, et ce qui l'accompagne : la violence de la guerre, et la difficulté des relations humaines quand on est étranger (et même s'il on partage la même cause), va se tisser une intrigue humaine et psychologique, éprouvante et fascinante.

 

Même si le roman ne possède pas les traits fantômatiques de l'écriture de Un Balcon en forêt de Julien Gracq, on retrouve chez Hemingway cette même précipitation de la vie devant l'échéance dans un contexte de guerre. Les propos sont pesés, les mots choisis. La part belle est laissée à la pensée, à tous ces moments d'attente et de discussion qui rythment les batailles, grandes explosions soudaines et brèves qui ne font que couper le silence. Chez Hemingway (autre distinction d'avec Gracq), le silence est peu présent. C'est le dialogue qui comble les brèches, formidable jeu de psychologie (sur le plan narratif), d'influence (sur le plan de l'intrigue). Et puis ces deux mondes qui s'affrontent, Espagne pieuse et gitane, Amérique pensante et maître d'oeuvre. Et puis l'amour aussi, car au fil de ces nombreuses pages, s'établit un amour qui défie toute proportion : aimer en temps de guerre!

 

Un livre puissant donc, déconcertant au premier abord par le rythme de son avancée : quand je dis dialogue, c'est dialogue. Puis on progresse, et plus ce monde nous paraît familier, plus nous l'aimons et nous détestons qu'il soit ainsi cerné par ce contexte terrible. L'issue est à l'image du roman et la force d'Hemingway est également de nous faire sentir la fin du livre avant même qu'elle arrive, sans que nous soyons déçus ou que nous soyons préparés. Ce livre est un grand moment de littérature.

 

Le paradoxe de la guerre en littérature est ici vérifié. Dans un contexte affreux, où la violence et la cruauté sont omniprésentes, les sentiments d'amour et d'humanité sont exacerbés jusqu'à leur plus haut point.

 

Difficulté de lecture : 6,5/10, le tout étant de rentrer convenablement dans le récit en appréhendant comme il faut les dialogues.

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